ANTHONY GESLIN PARRAIN DU SPORT ETUDE CYCLISME REVISITE 14 ANS DE CARRIERE

Après six années passées chez Jean-René Bernaudeau (Bonjour, La Boulangère puis Bouygues Télécom) puis sept à la Française des Jeux, six participations au Tour de France et une médaille de bronze aux championnats du monde de cyclisme, Anthony Geslin a annoncé la semaine dernière sur Twitter qu’il prendrait sa retraite sportive cet automne. Une décision mûrement réfléchie.

Anthony, quand avez-vous pris la décision d’arrêter votre carrière ?

« Ça a fait son bonhomme de chemin l’an dernier. Les contrats devenaient compliqués à négocier, les places de plus en plus chères. J’ai pris un peu les devants, après en avoir parlé avec ma famille. Je voulais être acteur de mon départ. »

Imaginiez-vous à vos débuts courir pendant quatorze saisons en professionnel ?

« Quand j’ai commencé le vélo, je ne me voyais pas forcément devenir professionnel. Au début, c’était tellement difficile que je prenais les saisons les unes après les autres. C’est quand j’ai participé à mon premier Tour de France que je me suis dit que j’allais peut-être courir un certain temps. On dit que dix ans en pro, c’est bien. J’aurais fait quatorze ans. Une carrière professionnelle, c’est une remise en cause permanente. On doit sans cesse prouver. Cela faisait cinq ans que je signais des contrats d’un an. Ça devenait pesant. »

Vous n’avez pas envisagé de poursuivre dans une équipe moins huppée ?

« Je voulais terminer dans une bonne équipe. Les équipes un cran en dessous, ce sont plus des rampes de lancement pour les jeunes que des voies de garage pour les anciens. »

Quel regard portez-vous sur votre carrière ?

« Je suis fier de ce que j’ai accompli. Mon parcours, je l’ai mené avec mes moyens physiques et intellectuels, sans jamais tricher. J’ai toujours fait mon vélo à la flotte. Quand (Lance) Armstrong a fait son show à la télé pour dire qu’il s’était dopé, il a dit que seulement 5 % des coureurs ont fait le Tour de France à l’eau. C’est faux, on est bien plus. »

Vous intégrez Vendée U, l’antichambre du cyclisme pro, deux ans après l’affaire Festina. On vous a souvent parlé du dopage ?

« C’est souvent qu’on t’en parle, dès que tu deviens copain avec quelqu’un. C’est un préjugé avec lequel il a fallu évoluer. Même si parfois, ça fout les boules. Quand j’ai intégré Vendée U, la consigne, c’était « en France, on doit être irréprochable ». Il faut être super prudent. Pendant 17 ans, je ne me suis jamais soigné avec de la cortisone. Il y a deux ans, un coureur d’AG2R a pris du « Ginkor » contre les jambes lourdes. C’était dans les produits interdits. Il a pris deux ans de suspension. »

Vous vous attendiez à subir cela toute votre carrière ?

« Non, quand j’ai débuté, je pensais que ça allait se calmer au bout de deux ou trois ans. On a cru en Armstrong. Au début, il apparaissait comme le messie, celui qui était revenu du cancer. Finalement, c’était un escroc. C’est dans la nature humaine de tricher. Même quand l’étau se resserre, les tricheurs gardent un coup d’avance. »

« J’ai bossé avec des mecs réglo »

Les tricheurs ont-ils droit à une deuxième chance ?

« Il y a deux poids, deux mesures. Un mec qui se fait avoir avec de la cortisone ou du ginkgo biloba, c’est une connerie. Il a le droit à une deuxième chance. Mais celui qui se fait avoir avec de l’EPO, il doit être radié. Ce genre de trucs, ça n’arrive pas dans ton assiette par hasard. Il devrait y avoir aussi des sanctions financières, comme rendre deux ans de contrat, ça ferait réfléchir. »

Mais ces coureurs, à qui vous n’auriez pas donné de seconde chance, ils sont dans le peloton avec vous…

« Oui, on fait avec. Alberto Contador, c’est un champion mais avec des casseroles au cul. On ne peut pas lui cracher dessus, on se tait. » la suite

http://www.orne-hebdo.fr/2015/07/02/anthony-geslin-revisite-14-ans-de-carriere/

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